Si le numérique ne représente que près de 4% des émissions globales de CO2, sa croissance rapide inquiète. Les usages individuels, tels que le streaming vidéo, la navigation sur Internet, le partage de media sur les réseaux sociaux et les messageries instantanées contribuent à près de 30% de cette empreinte carbone, soulignant la nécessité d'adopter des comportements plus responsables. Volcan vous propose une étude complète pour voir ce que l'on peut changer.
Au delà du cynisme ou du fatalisme de certains, l’affirmation que seuls les états et les entreprises sont responsables du fiasco écologique – et donc de la solution – émerge occasionnellement dans nos débats sur l’écologie. Nous sommes pourtant la solution pour 25 à 50% du problème des émissions de CO2 (cf. le meilleur papier en la matière, Faire sa part, César Dugast, Alexia Soyeux pour Carbone 4).
Si certaines habitudes sont dures à changer (ne pas prendre l’avion, conduire moins, changer d’énergie ou manger moins de viande représentent des efforts considérables), d’autres changements sont plus faciles à mettre en place. Ici, nous allons voir comment un petit changement de pratique sur nos apps de communication instantanée peut polluer entre 100 et 80 000x moins, notamment sur whatsapp.
Insignifiantes à l’échelle du message ou de l’individu (vous pouvez envoyer 70 vidéos de 2 minutes à des potes avant d’avoir polluer autant qu’1km en voiture thermique), les pratiques numériques sont impressionnantes et préoccupantes à l’échelle d’une année, d’un pays et du monde. La vision collective du problème est encore difficile à faire passer. Mais c’est enthousiaste que l’on va lire les résultats de cette sympathique étude et essayer de faire sa part !
NB: La méthode et la google sheet avec toutes les mesures sont données en fin d’article pour les plus geeks et exigeants d’entre nous.
Un message audio de mauvaise qualité, compressé par les soins de whatsapp est au minimum 500x plus polluant qu’un message écrit. La moyenne est à 15 000x plus polluant, selon la qualité audio et le format (.wav à .ogg, non compressé à extrêmement compressé).
Un message image en fullHD (photos, etc.), dans le meilleur format de compression pour un rapport qualité/poids du fichier est au minimum 900x plus polluant qu’un message écrit.
Un gifs de 3s, à mi-chemin entre l’image et la vidéo, est environ 7 000x plus polluant qu’un message “non animé” sous forme textuelle.
Un message vidéo basse définition ultra compressé (très mauvaise qualité) est au minimum 80 000x plus polluant qu’un message écrit.
D’abord, arrêter de s’en foutre. Ensuite,
Cessez avec les audios et écrivez.
“Trop compliqué d’expliquer à l’écrit ?” “Plus simple de parler ?” Pour parler, appelez-vous. Un coup de fil sur le réseau, c’est très généralement moins polluant que n’importe quel échange audio sur Internet pour, bien souvent, une meilleure qualité audio quand ya du réseau.
Vos copains vous le disent : c’est pénible d’écouter des audios. Ca n’est pratique que pour vous.
Plus long que prévu …
Notez que plus le message qu’on avait initialement en tête était bref, plus on a tendance à meubler et parler pour ne rien dire dans le message final qui contiendra une brouette de “bon bah”, “voilà”, “en fait”, c’était juste pour”, “bref”, “hahaha”, et le classique “désolé pour l’audio”. À l’écrit, on va au plus rapide.
Bref, le message écrit c’est 500x moins polluant, 100x moins pénible pour les amis, et t’as l’air 10x moins ahuri que quand t’enregistres un audio avec ta petite main à plat comme si ton téléphone c’était un mini plateau de service.
Usages en explosion
La vidéo, c’est la mega panique des usages numérique au regard de l’écologie, parce que c’est de très loin le format le plus gourmand en octets et que ça augmente chaque année. Streaming côté SVOD, distri numérique pour la téloche standard en BVOD, et bientôt télé segmentée et AVOD. La conso video en short ou tiktok est en explosion, et le porno toujours aussi présent dans la vie des gens (même des gens biens !).
Les messages échangés sous forme video (stream ou enregistré) tendent à se répandre aussi. Là où les plus jeunes ont ce désir de montrer leurs trombines à la moindre occasion, les moins jeunes raffolent de ce qu’ils appellent les “facetime”. On écrit moins qu’on ne souhaite se voir. C’est magique, mais c’est pas gratos.
Video toujours plus lourde
Ajoutez à cela une volonté – qu’on se plaira à qualifier de débile – d’augmenter à l’infini la résolution des écrans, et donc le bitrate, et pourquoi pas la fréquence d’image (4k, 20Mbps, 60fps, etc.) et vous avez un problème multiplié par 4 à régler.
En moyenne, envoyer une vidéo c’est 265 000x plus polluant que d’écrire et infiniment plus que de parler, ho ho, ho.
Effort N°1 des usages numériques
On a tous un déglingo de la chronique visuelle dans nos proches (moi c’est mon frère et ma belle mère) qui envoie d’un coup sans crier gare des dizaines (20aine) de photos dans des groupes Whatsapp “pour partager” ce qu’ils vivent, voire parfois même nous partager ce qu’on leur a préalablement partagé. On a aussi le cas de Guy LaDéfonce qui t’envoie 40 photos flous de la fête médiocre de la veille.
Des centaines de millions de milliards d’octets pour rien (100 000 000 000 000 000 octets)
Une photo échangée pèse environ,350 Ko. Multipliez ça par 10 photos par envoi : 3500Ko (3,5Mo). Multipliez ça désormais par le nombre de personne dans le groupe Whatsapp (mettons 5 en moyenne) : 17,5 Mo la chronique (quasi) inutile, pour des photos qui vont être aussi vite oubliées qu’elles ont été vues.
Ce comportement n’est pas réservé à nos quelques proches qui se prennent pour des reporters. Chaque année, sur facebook + snapchat + instagram uniquement, ce sont des centaines de millions de milliards d’octets (on appelle ça des petaoctets) échangés.
2000 pétaoctets échangés en équivalent carbone ? 97 704 tonnes équivalent CO2 soit l’équivalent de la pollution annuelle :
Dit autrement, la dépense énergétique de nos usages annuels en partage de souvenirs et moments de vie permettrait de faire vivre près de 50 000 pakistanais.
Faire sa part ? César Dugast, Alexia Soyeux, Carbone 4, 2019.
Discussion et calculs avec ChatGPT4, plusieurs sources mentionnées, 2024.
Emissions totales de GES (kt CO2e) Banque mondiale, 2019.
Empreinte Carbone Numérique | quelques valeurs & comparaisons (plusieurs sources intégrées) Volcan, 2022-2024
Nous souhaitons comparer une même information dite via 4 moyens différents : texte, audio, image, video.
Prenons un texte très court « i am a message ».
Puis nous allons :
On sait que :
Nous pouvons :
En moyenne, les messages échangés sur les messageries sont plutôt courts, entre 10 et 50 caractères. Nous allons écrire 2 messages. L’un très court, l’autre très long et appliquer la même méthode côté audio, image et video.
I am a message
Diviser son empreinte carbone par 100 dans le numérique. Il y a une première réalité : le digital, dans le monde, c’est 4% des émissions de GES, et 2,5% en France. La valeur en kg EqCo2 était de 1180 par an en 2016. Alors pourquoi en faire un enjeu lorsque l’on sait que se déplacer représente près de 3000 kg, notre habitat près de 2700 kg ou encore notre alimentation 2500 kg ? La réponse se trouve peut être dans l’évaluation de l’impact couplé à la notion d’engagement. Si je vous disais qu’il vous faudra environ 30 ans pour diviser votre empreinte carbone par 4 et que ça va être vraiment difficile, mais qu’en 1 an vous pourrez diviser votre empreinte digitale par 10 ou 100 selon vos usages ? Dit autrement, dans le numérique, nous sommes un peu les idiots du village. On a décidé assez tôt de laisser la bouillie scientifique aux intéressés, et nous, tout ce que l’on souhaite, c’est l'usage final. Or, apprendre le numérique, c’est aussi simple qu’avoir appris à regarder une étiquette pour vérifier les ingrédients, ou se demander combien de calories on mange par jour. Car dépassé la question du langage ou des mots qui font peur, comparer et mesurer des octets ou des bits, c’est exactement la même chose que comparer ou mesurer des km ou des kg. Et ça, on sait tous le faire. Sans plus de suspens, voici la donnée choc : lorsque vous faites un audio sur WhatsApp plutôt que d'écrire en utilisant une connexion Internet, vous polluez au minimum 500 fois plus. Ce chiffre peut aisément monter à 50 000 fois plus selon la durée de l’audio..."
Nous allons explorer de nombreux formats de fichier pour être le plus objectif possible. Nous nous concentrerons ensuite sur les fichiers sortis de Whatsapp.
Notez que vous ne choisissez pas comment whatsapp, facebook, Insta, youtube, etc. convertissent et compressent vos fichiers.
Après avoir conduit l’étude de façon assez exhaustive pour les messages courts, j’ai fini par ne produire les messages longs que dans les formats les plus légers et les mieux optimisés, sachant qu’on cherche essentiellement le facteur polluant minimum, et pas tant la comparaison des formats entre eux. Voici la liste des formats testés :
Texte
Audio
Vidéo
Image (1920 x 1080)
Au total, c’est une petite soixantaine de formats et types qui ont été créés et comparés. Si d’aventure quelqu’un souhaitait que je fournisse tout ça, qu’il me contacte ! 🙂
Hey ! J'aime bien faire des études qui n'intéressent que moi, et parfois, coup de bol, ça intéresse d'autres personnes !