En matière d’écologie, la prêche, les remarques sur les comportements de sa famille ou de ses amis, ainsi que les conseils qui s’en suivent ne sont presque jamais aussi productifs qu’escomptés pour ne pas dire contre-productifs parfois. Pourtant, le sujet de l’écologie n’est pas si clivant. Pour la majorité d’entre-nous, c’est normal d’en parler. Il ne divise presque jamais sur son importance et ses enjeux.
Mais, puisque l’écologie est par définition l’étude du rapport entre le vivant et son habitat, elle propose d’interroger d’une part les conséquences de nos actes, et encourage d’autre part la considération pour des changements forts, notamment ceux liés à la sobriété, dont la privation (moins), le retour de la lenteur (moins vite) et/ou la reconsidération de notre zone de mobilité (moins loin). L’écologie aborde alors le rapport de chacun (soi) et de tous (le monde) à son époque, sa vie et son environnement. Le sujet s’ouvre sur des questions qui interrogent l’existence, la société et la morale et finit par engager les points de vue de chacun.
L’écologie se socialise, se politise et s’individualise : fresque du climat, plan de transformation énergétique, guide des bonnes pratiques, application de mesure de son empreinte carbone … une collection d’objectifs, de considérations et d’actions qu’il serait souvent bien ou mal de faire.
Pourtant, l’écologie n’est peut-être pas une affaire de résultat et d’individu, de bien et de mal.
En matière d’écologie, la prêche, les remarques sur les comportements de sa famille ou de ses amis, ainsi que les conseils qui s’en suivent ne sont presque jamais aussi productifs qu’escomptés pour ne pas dire contre-productifs parfois. Pourtant, le sujet de l’écologie n’est pas si clivant. Pour la majorité d’entre-nous, c’est normal d’en parler. Il ne divise presque jamais sur son importance et ses enjeux.
Mais, puisque l’écologie est par définition l’étude du rapport entre le vivant et son habitat, elle propose d’interroger d’une part les conséquences de nos actes, et encourage d’autre part la considération pour des changements forts, notamment ceux liés à la sobriété, dont la privation (moins), le retour de la lenteur (moins vite) et/ou la reconsidération de notre zone de mobilité (moins loin). L’écologie aborde alors le rapport de chacun (soi) et de tous (le monde) à son époque, sa vie et son environnement. Le sujet s’ouvre sur des questions qui interrogent l’existence, la société et la morale et finit par engager les points de vue de chacun.
L’écologie se socialise, se politise et s’individualise : fresque du climat, plan de transformation énergétique, guide des bonnes pratiques, application de mesure de son empreinte carbone … une collection d’objectifs, de considérations et d’actions qu’il serait souvent bien ou mal de faire.
Pourtant, l’écologie n’est peut-être pas une affaire de résultat et d’individu, de bien et de mal.
On peut être des gens très biens et avoir un comportement écologique médiocre. On peut aider une grand mère à traverser la route, donner du temps à ses enfants, participer bénévolement à des actions solidaires et polluer. À l’inverse, on peut avoir une conscience et une pratique écologique exemplaires et être une ordure. Par ailleurs, l’écologie n’est ni proportionnelle, ni résumable à son amour pour la nature. On peut habiter à la campagne, aimer se balader en forêt, jardiner ou aimer les animaux, et avoir un comportement écologique médiocre. Enfin, l’écologie n’est pas une collection d’actions à choisir, qui permettrait d’obtenir un passeport quelconque et une certaine reconnaissance sociale : faire le tri sélectif, acheter en vrac et acheter d’occasion, par exemple, ne valent pas 3 points d’écologie, et ni l’État, ni ses amis, ni sa famille ne donneront quoi que ce soit en échange de ces efforts consentis.
Il y a une pression écologique ressentie, elle-même en étroite relation avec la morale, l’acceptabilité sociale et la liberté individuelle. Suis-je quelqu’un de bien ? Que pense les autres de moi ? Suis-je libre de faire ce que je veux ? Et pour démontrer la caractère valable de notre écologie, en se justifiant, on réalise sans doute deux erreurs :
En effet, si l’écologie peut engager une certaine étique, et donc une philosophie morale, elle n’est pas intrinsèquement une vertue. Aussi, si l’écologie engage bel et bien des pratiques sociales et politiques, le modèle proposé par les États modernes n’en fait pas l’objet du mérite ou de la reconnaissance. Enfin, si l’écologie parle d’environnement, elle n’est pas intrinsèquement l’expression de son amour pour la nature.
En une phrase, l’écologie n’est pas intrinsèquement morale, sociale, politique ou émotionnelle. L’écologie est intrinsèquement naturelle.
Posons ceci :
L’écologie pourrait être résumée à la prise en compte d’éléments techniques objectifs, qui, par le fait qu’ils nous font mieux comprendre un ensemble de réalités et de risques probables, nous permettent d’adopter un comportement rationnel.
Une fois que les conséquences physiques de nos modes de vie sont comprises, on réalise que le plus grand danger pour l’humanité (nous, nos enfants, la race humain) et nos écosystèmes (là où l’on vit), c’est le réchauffement climatique, phénomène le plus mortifère à long terme. On tue, littéralement, nos écosystèmes, par consommation excessive des ressources présentes sur notre terre, et l’on menace immédiatement à la fois les conditions dans lesquelles on vit (climat aggravé, manque de ressources, etc.) et à la fois notre vie.
En réalité, l’écologie n’est-elle pas la prise en compte de notre fragilité et de nos dépendances dans un monde physiquement limité ? L’écologie, c’est assez basiquement une vision rationnelle du futur qui, pour essayer de le garantir – qu’il s’agisse de création, de maintient ou de non destruction – répond à la question : comment durer ?
Pour l’être humain, le futur, c’est demain, c’est dans 1 jour, dans 30 ans, et parfois après sa mort. Demain, c’est gagner sa vie, c’est l’épargne, l’investissement, la retraite, la vieillesse. Pour ceux qui sont parents, demain, ce sont les études de leurs enfants, puis un jour la transmission d’un patrimoine par exemple.
Rationnellement, pour sécuriser demain, on utilise un maximum d’éléments qui ont été utilisés hier et nous semblent tangibles aujourd’hui, des éléments offerts par les sociétés passés et modernes comme leviers de contrôle ou de limitation de la précarité ou de maximisation du confort et de l’inconnu.
Est-ce suffisant d’éduquer nos enfants, sécuriser un appartement en ville ou épargner pour leur payer des études, si le monde de demain rend les villes de moins en moins praticables, dans un climat social de plus en plus tendu, crispé par un système économique dont les dépendances aux ressources énergétiques se font inéluctablement plus ressentir ? Peut-on être heureux confronté quotidiennement au drame climatique ?
Il y a là une contradiction évidente entre vouloir protéger et préparer un futur pour nous et nos enfants, tout en ignorant les menaces écologiques qui risquent de rendre ce futur peu vivable. Notre moralité, notre prévenance et toute la prospective qui s’en suit n’ont aucun interêt, ni humain, ni stratégique, ni éducatif, s’ils ne s’accompagnent pas d’écologie.
Si se projeter rationnellement dans le futur, c’est essayer d’exercer un maximum de contrôle sur l’inconnu, alors le fait que nos efforts ne permettent pas de réparer le climat mais uniquement de limiter sa dégradation désespère un peu.
On peut comparer cela à l’espoir placé dans la santé. Inéluctablement, notre santé va se dégrader. Il n’y a aucune chance pour que nos efforts nous fassent rajeunir. Pourtant, le plus grand nombre met tout en place pour limiter cette dégradation et les complications futures. Comme pour la santé, l’écologie propose d’adopter une forme d’hygiène objective pour limiter les complications. Mais contrairement à la santé, la qualité et la quantité des repères restent floues et souvent sujettes à appréciation personnelle.
Là où l’on peut constater les dégats dûs aux 40 années de cigarettes de tonton Mégot – qui en plus savait bien à quoi s’en ternir parce que son propre père était mort d’un cancer des poumons – on n’observe moins souvent et moins bien les dégâts climatiques dûs à nos actions. Les échelles et les mutations sont très dures à appréhender pour l’être humain. Et lorsqu’un phénomène météorologique violent intervient, il sera pour les uns “une conséquence directe du réchauffement climatique”, et pour d’autres “parmis les choses tragiques qui arrivent”. Il en va de même pour la baisse des rendements agricoles, l’augmentation des maladies vectorielles (et la sédentarisation dans l’hémisphère Nord de ces vecteurs) ou la recrudescence des mouvements de population climatiques.
Mais rappelons-nous qu’avant de découvrir les dommages du tabagisme et l’immense mortalité qu’il a provoqué, on fumait à la maternité et dans tous les espaces publiques. Si l’État a restreint le champ du tabagisme à la liberté individuelle (chacun peut fumer chez soi) et qu’il est peu probable que la pollution vive le même traitement (chacun peut polluer chez soi), il n’en demeure pas moins :
Les complications actuelles et à venir, bien que décrites, documentées, et sujettes aux terribles probabilités mathématiques, et notre pouvoir d’action restent collectivement, si ce n’est abstraits, pas si concrets que ça. Il y a peut-être une impossibilité ontologique à connecter nos actions et leurs conséquences écologiques (représentation complexe du temps et de l’espace), mais peut-être aussi un effet d’inexpérience et parfois de mépris. Mais la plupart du temps, l’écologie désoeuvre individuellement, parce que collectivement elle n’est jamais la priorité.
La dimension collective de l’effort est en effet indispensable si l’on ne fait qu’observer “un” résultat à atteindre, par exemple, “ne pas dépasser les 2°c d’augmentation globale”. Pour y arriver (au résultat), le monde “entier” doit contribuer. L’engagement écologique semble être conditionné à la participation de tous.
Pourtant, ce n’est pas parce que certains États tyrannisent ou obligent leurs populations d’une façon ou d’une autre que nous trouvons cela inspirant ou décourageant pour nous-mêmes. Dit autrement, la poursuite de la lutte en faveur des droits de l’hommes n’est pas conditionnée au fait que certains pays ne les respectent pas.
La paix, par exemple, est un objectif collectif par essence puisqu’il engage des parties. Bien que le résultat à atteindre soit lui aussi global, ce n’est pas parce que certains pays sont en guerre que d’autres pays abandonnent leur combat pour la paix. La recherche de la paix n’est pas conditionnée au fait que personne ne fasse la guerre.
À long terme, puisqu’elle ne permet pas de perspectives fragmentées du monde – elle n’engage pas la diversité des points de vue sur le caractère global du climat – l’écologie tendra à proposer une norme, comme une condition évidente, un consensus adoptable naturellement. De la même manière que l’on sait intuitivement que nos existences sont plus heureuses dans la paix car nous avons connu la guerre, on saura que nos existences sont plus heureuses dans des écosystèmes durables et un climat sous contrôle, car nous aurons connu le chaos. Que l’on obtienne ou non la paix, que l’on obtienne ou non le doux climat, l’idée que l’on se fait de l’existence nous engagera intellectuellement et pratiquement sans aucune forme de justification ou d’effort.
À court terme, l’écologie est destinée à devenir culturelle, socialement normale, ancrée, habituelle, mais de façon fragmentée. Certains États, certaines villes, certaines entreprises et certains individus ont déjà adopté une partie de cette culture. À l’échelle des pratiques, le tri sélectif n’est plus une question pour qui que ce soit. C’est déjà dans notre culture. Ca n’est l’est pas encore en Afrique Centrale par exemple. C’est là que des spécificités culturelles ont déjà émergé et émergeront tout en faisant très largement fi de ce qui se fait ailleurs. Le rapport de la France au Nucléaire sera à terme, s’il ne l’est déjà, une spécificité culturelle.
Et c’est également là que la transmission de cette culture représente déjà un enjeu massif. De la même façon que la génération des années 80 a appris ou apprend à ses enfants à faire le tri sélectif, non pas parce que c’est bien, mais parce que c’est comme ça, de futures générations leur apprendront un jour à moins prendre la voiture, ne pas prendre l’avion, moins manger des viandes bovines, ou simplement moins consommer… non pas parce que c’est bien, mais parce que c’est comme ça.
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